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Partage d’une ancienne collaboratrice allemande...

« L’Allemagne et l’Autriche : presque le même pays, presque la même histoire, presque la même culture. Mais juste presque, car les différences sont nombreuses.

On dit qu’un Allemand voudrait bien comprendre son voisin autrichien mais ne le peut pas ; l’Autrichien, quant à lui, sait comprendre un allemand mais ne le veut pas.

Je vous rassure : je suis allemande. Ma langue maternelle est l’allemand. J’ai passé toute ma scolarité en Allemagne, j’ai dû lire Schiller, analyser Heinrich Heine, souffrir plus que le jeune Werther durant mon oral de bac sur Goethe. J’ose alors prétendre que mon niveau d’allemand est plutôt bon. Non… j’osais le prétendre. Car je suis allée en Autriche. Veni vedi perdidi – Je suis venue, j’ai vu, j’ai perdu. Et surtout : j’ai appris.

L’allemand autrichien est différent. Très différent. Cela commence avec la prononciation des mots et se termine avec certaines expressions que personne ne vous enseignera ni dans une école française, ni dans une école allemande. Par exemple : je rentre dans un magasin. En tant que bonne citoyenne bien éduquée j’ai appris à dire bonjour. Je dis alors Guten Tag… et fais comprendre à tout le personnel que je suis allemande. En Autriche on dit Grüβ Gott(que dieu te bénisse). J’ai également tenté de demander l’heure en Autriche. Une très grande erreur. On m’a répondu qu’il était viertel vier (un quart de quatre heures), ce qui ne signifie rien d’autre que 15h15. Sauf que cette information ne nous aide pas réellement si on ne sait pas l’interpréter.

J’ai d’ailleurs toujours trouvé qu’en Autriche on chante en parlant. Si l’allemand d’Allemagne est dur et froid, l’allemand autrichien est tout le contraire. Je ne sais pas comment ou pourquoi, mais les autrichiens arrivent à rendre cette langue, souvent perçue comme froide, dure et agressive toute douce et harmonieuse.

Comment alors parler à un Autrichien sans pour autant montrer que je ne suis pas une des leurs ? Une remarque d’un ami autrichien lors de notre première rencontre était « Ah, tu es Prussienne ! ». Vous voyez, n’ayez pas peur en partant en vacances en Autriche, même les Allemands se font remarquer là-bas.

Mine de rien, il existe un bon nombre d’expressions autrichiennes qui vous facilitent, en tant que francophones, la traduction mot à mot. En Hochdeutsch (l’allemand « standard » ou « haut allemand »), la fameuse Kartoffel n’a pas beaucoup de choses en commun avec la pomme de terre française. Dans ce cas l’Erdapfel autrichien (et du coup la traduction littéraire de pomme de terre) constitue un mot plus facile à retenir. Généralement l’Autrichien préfère garder l’étymologie des mots étrangers, que ce soit dans sa prononciation ou son écriture, alors que l’Allemand préfère germaniser son langage.

Prenons l’exemple de la gastronomie. En Autriche, vous pouvez sans problème retrouver des expressions comme buffet, sauce ou un praliné au dessert, alors qu’en Allemagne vous trouverez des traductions telles que Büffet, Soβen et Pralinen.

En comparant les clichés que l’on connait sur l’Allemagne et l’Autriche, ce ne sont pas non plus mes compatriotes qui gagnent la bataille : il est d’autant plus facile de placer le mot « trop » devant des adjectifs comme traditionnel ou convivial qu’avant des mots tels que discipliné, stricte, ordonné, que nous associons plus facilement à l’Outre-Rhin…

Si l’Allemagne donne souvent l’image d’un pays peu attractif dans la tête des Français, l’Autriche est synonyme de grands espaces verts, du calme et de la sérénité, de la montagne et des vacances en pleine nature.

Ce qui m’a choquée il y a quelques semaines était la réaction d’une amie qui me disait qu’elle ne voudrait pas voyager en Autriche car « c’est comme chez nous ». Parler une même langue signifie alors toujours pour beaucoup d’entre nous une grande ressemblance de la culture et des traditions. Et pourtant nous ne partons pas non plus en vacances aux États-Unis pour y retrouver la Grande Bretagne ou en Suisse pour y retrouver la Belgique.

C’est cette diversité de la langue allemande qui la rend aussi belle : car il n’existe pas un seul et même allemand. Pour moi, transmettre son dialecte, c’est transmettre sa tradition. L’Autriche ne serait plus l’Autriche sans ce dialecte et ses habitants. Quand nous voyageons en Chine nous apprenons quelques mots en mandarin. Et j’ai très envie de faire pareil lors de mon prochain voyage en Autriche.

Sur ce… SERVUS ! »